Les métiers de l’ESS

Views: 118

  1. 1. Le mot de l’élu référent : Bruno Minutiello
  2. 2. Emmanuelle Beyer, présidente de la chambre régionale de l’ESS Grand Est 
  3. 3. Madame Mozet, co-directrice de la conciergerie solidaire 51
  4. 4. Alain Petersen, gérant de la société Scherberich

1. Le mot de l’élu référent : Bruno Minutiello, conseiller régional du Grand Est, délégué à l’économie sociale et solidaire

1 (1).JPG (5.89 MB)

L’économie sociale et solidaire est une façon d’entreprendre autrement. On en parle avec Bruno Minutiello, conseiller régional du Grand Est, délégué à l’économie sociale et solidaire. L’ESS, finalement, c’est la quatrième force économique après le commerce, l’artisanat et le monde agricole.

Alors oui, l’économie sociale et solidaire est devenue la quatrième force économique. Et c’est important parce que, quand on parle d’économie, c’est vraiment une économie à part entière. C’est un modèle économique un peu différent, qui ne s’appuie pas sur un côté financier, comme on peut connaître dans les sociétés classiques. Mais qui met vraiment au cœur de l’économie, au cœur de son activité, l’humain, l’écologie, la transition numérique, l’ensemble des autres ressources qu’on peut trouver dans une entreprise. C’est important, et on le voit bien puisqu’elle est en fort développement depuis quelques années maintenant.

C’est un secteur très large puisqu’il va du monde associatif au grand mutuel. Quel est le dénominateur commun entre toutes ces entités vie ? Est-ce que c’est l’humain ?

Je pense que c’est réellement l’humain qui est le dénominateur commun de l’ensemble des entreprises qui sont plutôt du côté de l’économie sociale et solidaire. Pourquoi ? Parce que ce sont des entreprises qui ont décidé, à un moment donné, de ne pas privilégier le côté financier : les dividendes, la distribution, mais qui préfère redonner à ses employés, redonner au consommateur, notamment aux gens qui viennent chercher autre chose que simplement un produit ou un service. Ils sont là pour aller chercher ce qu’on cherche nous tous depuis quelques années, c’est remettre l’humain au milieu de cette vie. C’est vraiment l’humain qui est le dénominateur commun de l’ensemble de ses entreprises.

Quand on parle commerce, artisanat ou agriculture, on est dans un cadre bien précis. Pour l’économie sociale et solidaire, on peut tout entreprendre.

C’est la particularité de l’économie sociale et solidaire. C’est une économie qui est inventive, complètement inventive. C’est-à-dire qu’aujourd’hui on part d’une idée parfois étonnante, innovante, surprenante, et puis on y construit autour un modèle. Un modèle, comme on l’a dit tout à l’heure, qui n’a rien à voir avec l’économie classique. Ce qui est bien c’est qu’en plus c’est une économie qui est inclusive, c’est-à-dire qu’elle est issue du territoire. Souvent, ce qui est important, et on l’a vu, ce n’est pas une économie délocalisable. C’est-à-dire que comme elle est issue du territoire, elle ne peut pas être ailleurs que dans le territoire.

La région Grand Est est très engagée sur le secteur de l’ESS. L’objectif est de faire progresser cette forme d’entreprenariat dans les années à venir. Pour ça, la région accompagne et aide financièrement les porteurs de projets.

La région Grand Est, depuis 2017, a bien pris toute conscience de l’économie sociale et solidaire sur l’ensemble du grand territoire Grand Est. Notamment par rapport à ça, elle l’inscrit dès 2017 dans son schéma régional de développement économique. La région Grand Est a souhaité que l’économie sociale et solidaire soit l’un des piliers du développement économique territoriale. Pour ça, tout simplement, on n’y a adossé des dispositifs d’aide en termes d’investissement, mais pas que. Des aides au fonctionnement, à constituer des groupes pour que l’ensemble des acteurs de l’économie sociale et solidaire puisse opérer ensemble. Tout ça fait que depuis quelques années, notamment suite aux différents dispositifs que la région Grand Est a mis en place, on voit bien qu’il y a un fort développement des structures de l’économie sociale et solidaire dans le Grand Est.

Bruno Minutiello, où trouver toutes les informations à ce sujet ?

On peut trouver l’information, et notamment les aides que nous pouvons accorder, sur notre site Internet, mais pas que. Il suffit de se rapprocher des maisons de région, puisqu’il en existe dans chaque département et puis on pourra les accompagner. Et vous avez également des fabriques à projets d’utilité sociale qui existent, qui permettent de mettre en commun des idées, et notamment des modèles et d’aider à faire émerger l’ensemble des idées innovantes, parce qu’on est vraiment dans une économie très innovante. On a ces fabriques à projets qui peuvent permettre d’aider et d’accompagner des porteurs de projets pour pouvoir réaliser ce qu’ils souhaitent faire.

Une info disponible sur grandest.fr.

Haut de page

2. Emmanuelle Beyer, présidente de la chambre régionale de l’ESS Grand Est

ESS - CRESS PHOTO.jpg (2.33 MB)

Avec Emmanuelle Beyer, présidente de la chambre régionale de l’ESS Grand Est. Nous revenons aujourd’hui sur cette économie émergente dans notre région autour de la solidarité. Bonjour Emmanuelle Beyer.

Bonjour Cédric Rouillon.

On rappelle que la CRESS du Grand Est sert à représenter ces acteurs auprès des pouvoirs publics et plus largement à promouvoir le concept même d’économie sociale et solidaire. Concrètement, ça passe par de l’appui à la création et au développement des entreprises, par de la formation, de l’observation, de l’information. Est-ce que c’est bien résumé ?

C’est parfaitement résumé. Je vais encore rajouter quelques indications. C’est que notre chambre régionale a un rôle politique, un rôle économique et surtout, comme vous l’avez déjà précisé, un rôle d’animation sur cette région Grand Est.

Avec une notion de proximité.

Oui, oui, notre chambre régionale est répartie sur des antennes, donc il y en a une à Strasbourg, une à Nancy, une à Metz depuis peu et une Reims.

Vous êtes bien placée, et peut être la mieux placée pour nous décrire l’ESS. Qu’est-ce qu’elles représentent dans le territoire, ces organisations de l’économie sociale et solidaire, concrètement ?

Faut rappeler que l’économie sociale et solidaire est surtout une économie de poids, notamment en matière d’emploi au niveau du Grand Est, puisqu’elle représente aujourd’hui deux 215 000 emplois, soit 11,35 % des emplois sur le Grand Est, contre 10,5 sur le national.

L’ESS correspond aussi à des structures juridiques extrêmement variées, allant des associations jusqu’aux mutuelles, en passant par des sociétés classiques. On parle de plusieurs familles dans votre jargon ?

Oui, c’est ça. On parle effectivement des familles de l’ESS, dont des structures qui sont extrêmement différentes. Donc on y retrouve les associations, on y retrouve les coopératives, les fondations, les mutuelles et les entreprises donc qui sont effectivement agréés ESUS.

Et finalement, qu’est ce qui les rassemble ?

Avant tout, Ce sont les valeurs que nous partageons, les valeurs de solidarité notamment, et puis les systèmes de gouvernance. On est sur un système de gouvernance démocratique, donc un homme, une voix, je veux dire on a une gestion désintéressée, on est bien sur des modèles économiques où nous ne sommes pas financés, notamment par l’impôt. Je veux dire, on a un fonctionnement où il y a plutôt des adhérents, des associés, mais qui travaillent collaborativement pour l’intérêt général et l’utilité sociale.

Intérêt général, mais économie. Néanmoins. L’argent n’est pas un tabou.

La première lettre de l’ESS, c’est bien l’économie à part entière. Voilà. Mais c’est une autre forme d’économie où on met la valeur, l’humain au cœur même du projet.

Et comment se situe notre région Grand Est en termes de développement de cette économie solidaire ?

On peut dire que dans ce qu’on appelle le schéma régional justement de notre région Grand Est, l’ESS est clairement inscrite. On a eu même la chance dernièrement d’avoir un quatre pages dédiées à l’économie sociale et solidaire portées par la région. Donc il y a des avancées, on a encore du travail puisqu’il faut qu’on collabore davantage avec nos politiques. Mais nous sommes accompagnés par la région pour mener en partie nos missions, mais pas que.

Emmanuelle Beyer, ça intègre aussi la notion d’articulation justement le Grand Est et toutes les parties prenantes.

Oui, exactement. Donc, et notamment au niveau du Grand Est, l’impulsion et la mise en place d’une gouvernance unie, donc autour d’ESS, qui rassemble l’Etat, la Région et la CRESS grand Est. Donc nous avons la chance aussi à travers la région Grand Est d’avoir un nouveau conseiller régional de l’économie sociale et solidaire qui est Bruno Minutiello, avec lequel nous échangeons assez régulièrement et nous essayons ensemble de contribuer à des travaux communs. Et justement, notamment à travers cette gouvernance unie pour pouvoir travailler plus étroitement ensemble sur les nouvelles orientations des politiques publiques.

Emmanuelle Beyer, merci d’être venue présenter l’ESS. Et puis cette Chambre régionale CRESS Grand Ouest que vous présidez.

Haut de page

3. Madame Mozet, co-directrice de la conciergerie solidaire 51

ESS - FABRIQUES A PROJETS PHOTO.jpg (30 KB)

Dans le cadre de l’économie sociale et solidaire, la région Grand Est a soutenu la mise en place d’une structure d’utilité sociale, la conciergerie solidaire 51, dès janvier 2021, située à Reims. Nous sommes venus rencontrer la co-directrice Madame Mozet afin qu’elle nous en dise un peu plus. Bonjour Madame Mozet, nous souhaitions vous rencontrer pour que vous nous en disiez un peu plus sur cette conciergerie solidaire : pourquoi solidaire et surtout comment ce projet est né au sein de la Ville de Reims ? 

Bonjour et merci de l’intérêt que vous portez à notre projet. La toute première conciergerie est née il y a 10 ans à Bordeaux au sein d’un tiers lieu, qui s’appelle Darwin. Ce projet s’est développé par la suite dans d’autres villes en France.  Pour la Marne l’idée du projet est née lors de la journée Star up de territoire, qui consiste à réunir plusieurs acteurs pour échanger sur des idées de projets en réponse aux problématiques que peuvent rencontrer les territoires. Donc lors de cette journée start up, notre président actuel David Leroy a rencontré Sylvain Lepenteur, qui est fondateur de la conciergerie et c’est comme cela qu’a émergé le projet. 

Quelle est l’originalité de cette conciergerie par rapport aux services que vous proposez ? Quels domaines ?

Une de nos valeurs principalement est la solidarité. Notre spécificité est de rendre ses services avec un impact positif puisque le concierge qu’on emploie et qui vient physiquement dans l’entreprise, est une personne en insertion que l’on va accompagner et deuxièmement tous les partenaires pour la plupart avec lesquels on rend nos services, sont des acteurs locaux issus de l’économie sociale et solidaire.

Qui fait appel à vous ? Des entreprises, des habitants, comment cela se passe ? On adhère, s’inscrit, comment fait-on ? 

Principalement ce sont des entreprises qui font appel à nous : il peut y avoir des collectivités, des bailleurs sociaux, des acteurs publics. Pour le fonctionnement, l’entreprise finance la présence de la conciergerie par un abonnement qui équivaut à quelques euros par mois et le salarié paye uniquement son service donc on ne prend pas de commission sur les services parce que nos partenaires proposent des tarifs préférentiels puisque l’objectif c’est de faciliter l’accès aux services que l’on peut proposer dans nos conciergeries. Ensuite on a un deuxième modèle de conciergerie, ce sont les conciergeries de quartier où on va travailler avec un bailleur pour mettre en place des comptoirs de conciergerie dans les quartiers, l’objectif de notre présence étant de créer plus de lien dans les quartiers et d’animer la vie des quartiers à l’aide d’un programme d’animation que l’on va établir avec les habitants du quartier.

Avez-vous un  tout premier bilan de votre action sur le territoire Rémois ?

Comme vous le savez, effectivement la structure est jeune mais on peut déjà  vous donner quelques chiffres plutôt positifs pour nous. La première année a été consacrée à une première phase de développement donc on a ouvert deux conciergeries de quartier et une conciergerie d’entreprise avec le bailleur social Plurialnovilla, et on a également au sein de notre entreprise touchée plus d’un tiers des salariés.

Donc justement par rapport à tout ce que vous venez de me dire, pour conclure, je souhaiterai savoir si une structure comme la vôtre souhaitait s’implanter quels conseils lui donneriez-vous ?

Comme conseils ce que je pourrai donner ou plutôt dire c’est que au sein du réseau national de conciergeries solidaires on dispose d’un laboratoire de l’innovation qui va permettre d’accompagner les porteurs de projets à développer des conciergeries solidaires sur le territoire et en même temps au sein de Set Up et de leur fabrique à projets; on peut aussi accompagner sur un projet de conciergerie solidaire et pour rassurer également les personnes qui seraient amenées à porter un tel projet au sein du réseau national on est très régulièrement en contact avec les chargés de développement, les responsables opérationnels qui peuvent nous apporter des conseils afin de nous aider à mieux mutualiser  nos pratiques et qui sont toujours disponibles si on a besoin d’aide.

Pourriez-vous laisser vos coordonnées?

Bien sûr vous pouvez me contacter directement au  07 49 14 08 40.

Et comme mot de la fin ce que je peux dire c’est que la conciergerie solidaire c’est un super beau projet au sein duquel on a plusieurs champs d’actions, autant sur le volet insertion sociale aider les personnes à se réinsérer, autant sur le volet économie locale puisque l’on travaille avec des prestataires locaux, on se positionne en porteur d’affaires également et aussi pour toutes les aventures que l’on peut vivre au sein des conciergeries.

Haut de page

4. Alain Petersen, gérant de la société Scherberich

ESS - SCHERBERICH PHOTO.JPG (5.04 MB)

Scherberich est une entreprise colmarienne, née en 1937, dans le domaine de la maçonnerie avec une spécialité, au fil du temps : la rénovation de monuments historiques. Je suis avec Alain Petersen, vous êtes le gérant de cette société Scherberich MH, c’est quoi cette spécialité monument historique ?

Donc la spécialité des monuments historiques dans notre domaine, c’est tout ce qui est maçonnerie et pierre de taille, essentiellement.

Ça se traduit par quoi ?

On intervient à la fois sur des monuments qui sont classé monuments historiques et également tout ce qui est notre patrimoine environnant, aussi bien les lieux de culte, que les châteaux ou les remparts qu’on a à Neuf-Brisach, par exemple. On répond à des appels d’offres. Notre marché principal c’est tout ce qui est marchés publics.

L’entreprise a connu des difficultés dans les années 2000. Elle est tout de même sûr rebondir grâce à l’implication de ses salariés. Elle a été placée en liquidation judiciaire en 2020, mais l’entreprise a été reprise par un peu plus de 20 salariés qui se sont constitués sous forme de société participative sur le champ de l’économie sociale et solidaire (SCOP).

Suite au redressement judiciaire du 3 mars 2020, on a décidé de se regrouper, l’ensemble du secteur des monuments historiques dans lequel j’étais chef du service à l’époque. On s’est réunis, on avait une volonté de garder notre savoir-faire, notre maîtrise de la pierre dans la région. C’était notre moteur pour reprendre sous forme de scope. C’était l’ensemble des salariés qui se sont regroupés pour ça.

C’est une démarche qui peut s’avérer compliquée, mais vous avez bénéficié de nombreuses aides : des aides financières, des aides logistiques, dont la région Grand Est.

On a donc bénéficié de tout ce qui est Acre, c’est l’aide à la reprise des entreprises. On a les Arce également. Ensuite, la bourse d’émergence qui vient de la région à hauteur de 4000 € par personne, ce qui représentait pour l’ensemble du groupe 92 000 €, ce qui n’est pas neutre. Et enfin, c’était la mise dans le tronc commun des primes de licenciement de chacun.

Chacun a donc mis des deniers pour créer cette entreprise. Pas de dividendes reversés, des bénéfices qui permettent de moderniser cet outil. Et puis vous êtes en phase de recrutement aussi, vous avez besoin de nouveaux collaborateurs.

C’est ça, on a besoin de nouveaux collaborateurs. Parce que dans les 23 personnes de base, c’est une population vieillissante et pour laquelle on a besoin de renouveler les gens. C’est un métier très physique. Donc aujourd’hui on recherche aussi bien des chefs de chantier, chefs d’équipe, que des compagnons maçons. La porte est grande ouverte pour faire entrer de nouveaux collaborateurs.

Et pas besoin de prérequis, il suffit d’avoir des compétences en maçonnerie. Vous, vous accompagnez ces personnes pour les amener vers cette spécificité du monument historique.

On les forme en interne à notre métier. C’est un métier de niche, donc forcément on a un savoir-faire un peu différent. On a besoin de transmettre ce savoir-faire pour ne pas le perdre.

Avec un peu plus d’un an d’expérience dans ce mode de fonctionnement, sous le statut de SCOP, une entreprise de l’économie sociale et solidaire, tout d’abord qu’est-ce que vous en retenez et puis quel conseil avez-vous envie d’adresser aux entrepreneurs salariés qui pourrait se lancer dans cette aventure ? Est-ce qu’il y a des personnes ressources à qui il faut s’adresser ?

Je conseille tout d’abord de se rapprocher de l’union des SCOP de la région Grand Est. Ce sont des gens qui sont formidables et qui nous ont accompagnés du début à la fin et encore aujourd’hui. Chaque année on se réunit, on se voit, et on évolue ensemble et il nous propose des formations. Donc on n’est vraiment pas laissés à l’abandon, on a vraiment des outils qui nous permettent d’évoluer, nous, à notre niveau. Je vois que moi, pour la partie gérance, la seule chose qui a changé par rapport à mon poste d’origine, ils m’ont accompagné. Ils ne nous ont pas laissés de côté.

Haut de page

Related Post

WP Radio
WP Radio
OFFLINE LIVE